Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues avait communiqué en mars 2023 suite à des censures par des tribunaux administratifs de l’usage des langues régionales dans les assemblées élues en Corse et en Catalogne nord. Depuis, la collectivité territoriale de Martinique a reconnu le créole comme langue officielle et le département des Pyrénées-Atlantiques a voté une motion à l’unanimité où il s’engage à “Profiter de la prochaine réforme constitutionnelle pour réinterroger la place des langues régionales dans la Constitution”.
Ces épisodes illustrent les difficultés que rencontrent les collectivités à faire vivre nos langues quand elles sont confrontées à l’article 2 de la constitution.
Lors de l’inauguration de la cité internationale de la langue française le 30 octobre dernier, le président de la république proclamait “Toutes les langues sont égales” mais ajoutait immédiatement “du point de vue de la dignité.” Le collectif attend du président qu’il s’exprime sur l’égalité des langues aussi sur la question des droits, des moyens et des engagements de l’Etat. Le président a également déclaré que “chacun a le droit de connaître, parler, transmettre sa ou ses langues, et c’est un droit non négociable”. Nous espérons que ces mots seront accompagnés de la signature ou la ratification de textes internationaux qui disent la même chose. Enfin, il a déclaré : “C’est pourquoi je veux que nos langues régionales soient encore mieux enseignées et préservées, qu’elles trouvent leur place dans l’espace public”. Le collectif tient à lui rappeler que ses ministres successifs ont fait l’inverse jusqu’à présent, en dégradant l’enseignement de nos langues, souvent au prétexte de l’article 2.
Le collectif a été auditionnée, ce mercredi 8 novembre 2023, à l’Assemblée Nationale par les député.e.s du groupe d’études “Langues et cultures régionales” (Intergroupe parlementaire) . Nous leur avons fait part du constat alarmant et des freins aussi bien techniques que juridiques pour transmettre, enseigner et préserver nos langues. Vous trouverez ici le dossier remis aux parlementaires avec nos constats et propositions.
Nous sommes convaincus que nous ne parviendrons à préserver nos langues que par une pleine et entière reconnaissance qui passera par une révision de l’article 2 de la constitution.
A l’heure d’une éventuelle réforme constitutionnelle, il paraît indispensable d’inscrire ce point dans les débats afin d’être en cohérence avec le discours du 30 octobre et de réparer enfin les préjudices subis.
Ces dernières semaines, nous avons pu suivre le parcours de l’équipe victorieuse de l’Afrique du Sud lors de la coupe du monde de rugby. Leur hymne national met à l’honneur 5 des 11 langues officielles de leur pays. Force est de constater que le respect de cette diversité linguistique ne nuit aucunement à la communion autour de leur équipe et à l’unité de leur pays. Choisir une langue unique pour ”faire nation” est loin d’être une valeur universelle.