Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues accueille avec satisfaction la circulaire du 16 décembre sur l’enseignement des langues régionales qui vient temporairement résoudre la crise générée par la censure du Conseil constitutionnel en autorisant l’enseignement bilingue par immersion, y compris dans l’enseignement public, conformément au texte adopté cette année par une écrasante majorité des députés et sénateurs.
La publication de cette circulaire répond au large mouvement de mobilisation des défenseurs et acteurs de la promotion de nos langues, qui a notamment favorisé l’adoption le 8 avril dernier de la loi Molac. Les échanges ultérieurs avec le Premier Ministre Jean Castex ont permis d’aboutir à des avancées notables pour l’enseignement de nos langues.
Au-delà de cette sécurisation de l’enseignement par voie d’immersion, cette circulaire consacre la réaffirmation de plusieurs libertés fondamentales mises à mal ces dernières années : liberté de choix des parents et liberté pédagogique d’organisation des établissements.
La circulaire confirme aussi que le but de l’enseignement bilingue est la maîtrise des deux langues. L’efficacité des décisions qui seront prises à l’avenir ne se mesurera plus au regard des moyens pédagogiques mis en place mais bien au regard de la possibilité d’amener réellement les élèves à maîtriser ces langues.
La circulaire consacre aussi d’autres avancées, notamment l’extension de la possibilité d’enseignement à 5 langues supplémentaires (franco-provençal, flamand occidental, picard, kibushi, shimaoré). C’est le fruit des campagnes menées par les membres du collectif.
S’il faut applaudir la décision de publier cette circulaire en ces termes, il faut, par contre, en mesurer la portée réelle. Il ne s’agit que d’une circulaire, donc d’une solution bien fragile et précaire face à la crise ouverte par la décision du Conseil constitutionnel, Il faudra rapidement trouver des solutions plus pérennes et un débat sur la nécessité d’une révision constitutionnelle nous paraît difficilement évitable.
La circulaire aurait pu être également l’occasion de permettre l’application des articles non censurés de la loi Molac, mais elle reste bien en deçà des espérances et de l’esprit dans lequel a été voté son article 7 sur la généralisation de l’offre d’enseignement. Pour ne pas rester purement déclarative, une circulaire doit s’accompagner de moyens et nous savons bien que ces dernières années le compte n’y a pas été : peu de créations de nouvelles filières ou d’établissements, peu de postes aux concours…
Les langues régionales ont énormément souffert ces dernières années de réformes imposées par ce gouvernement comme la loi Gatel, la loi de réforme du bac, et le statut de l’option. Au lieu de corriger ces maux, la circulaire les entérine.
La circulaire répond à l’urgence d’une crise, et il est désormais temps d’ouvrir un vrai débat dans les prochaines semaines. Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues consultera les candidats à l’élection présidentielle afin de connaître leur position de fond et leurs engagements concrets vis à vis de nos langues régionales, trésors de nos territoires, facteurs de lien social car il s’agit d’un droit humain fondamental garanti par les conventions européennes et internationales.
Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues