Le 7 février dernier, nous, lycéennes et lycéens venant d’Alsace, de Bretagne, du Pays Basque, de Corse et d’Occitanie, sommes allés à Paris. Notre but : défendre nos langues qui sont en danger d’extinction, puisque l’État français les opprime, nous empêchant de les transmettre.
Après de nombreuses semaines de préparation, nous nous sommes tous retrouvés à Paris, pour une action coup de poing non loin du ministère de l’Éducation nationale. À l’origine prévue devant le ministère de l’éducation nationale, la manifestation a, sur ordre de la préfecture, été déplacée de nombreuses fois pour finalement se dérouler dans une ruelle déserte à côté du ministère. Notre but était de revendiquer davantage de droits pour nos langues et pour l’enseignement de celles-ci. En effet, l’enseignement des langues dites régionales est souvent dévalorisé, compliqué, par manque de professeurs-es, de moyens ou même de droits.
Or, la transmission d’une langue se fait aussi par l’école. Nos langues sont en danger et si nous ne pouvons les transmettre, elles mourront. Nous avons ainsi mis en scène une classe bâillonnée, avec, sur nos bouches, le drapeau tricolore, afin de montrer que c’est l’État français lui-même qui nous empêche de les parler. Au même moment, six des nôtres, de cinq régions différentes, nous représentaient devant la commission des députés chargée des langues régionales à l’Assemblée nationale. Nous leur avons exposé les difficultés que nous rencontrons pour s’exprimer dans nos langues, ainsi que nos revendications.
En résumé, nous voulons plus de professeurs formés dans toutes les matières, de la maternelle au lycée, et que l’enseignement de nos langues ne soit plus optionnel, mais obligatoire. Nous demandons sur nos diplômes une reconnaissance officielle, la possibilité de passer le baccalauréat dans une autre langue que le français et la valorisation des filières bilingues sur ParcourSup, la plateforme pour l’enseignement supérieur. Nous voudrions avoir la possibilité de suivre d’autres filières (technologiques et professionnelles) avec un enseignement à distance de nos langues, et que la parité du bilinguisme dans les écoles publiques soit respectée. Nous demandons en outre la reconnaissance des signes diacritiques (ñ, ò, ì…) dans l’état civil. Si aujourd’hui tout cela nous est refusé, c’est aussi parce que la constitution française n’admet pas d’autres langues que le français. C’est pourquoi nous demandons la modification de l’article 2 de la constitution : “La langue de la République est le français”. Le territoire français a un patrimoine linguistique varié, mais sa constitution ne le reconnaît même pas. Nos langues sont pourtant en danger, et nous devons les sauver.